RESUME :
Tristan et Esteban sont des lycéens déjà pas comme les autres : le premier est en fauteuil roulant et le
second, amnésique depuis 3 ans, a été adopté par le paternel de son ami. Mais ce n'est rien en
comparaison de ce qu'ils font lorsqu'ils rentrent à la clinique Angus, dirigée par le père de Tristan. En
effet, grâce à une technologie révolutionnaire, ils forment la brigade des cauchemars : un duo qui
pénètre les rêves des jeunes gens dont le sommeil est troublé, pour régler leurs problèmes
psychiques. Comprendre le cauchemar, les raisons profondes de son existence, pour apaiser le rêveur
dans son moi profond afin qu'il se soigne, telle est leur mission.
Mais les dangers de cette immersion sont grands, pour eux comme pour le patient, surtout lorsqu'un
lien de parenté ou un moment de vie les unit!
CRITIQUE :
La Brigade des Cauchemars nous plonge dans l'univers passionnant et profond du rêve, ou plu
l'occurrence, du cauchemar. Sans trop s'attarder sur le réel fonctionnement d'une telle technologie,
ce premier tome nous propulse aux côtés de Tristan et Esteban dans les cauchemars d'autres
adolescents.
Bien que les deux compères soient des baroudeurs du rêve, à en croire les retours d'expérience qu'ils
possèdent, l'auteur Franck Thilliez distille habilement quelques informations sur le côté pratique d'un
tel voyage, donnant à ce premier tome un aspect didactique assez intéressant. A la manière
d'Inception (film à voir!) on nous explique la relativité du temps dans le rêve et la force de l'idée,
permettant selon les esprits de contrôler son rêve ou d'en devenir esclave. Les réflexions gravitant
autour du "moi", du rêve, de sa source et de son développement, apportent un intérêt particulier à
cette BD, dans le sens où elles touchent tout type de lecteur, à différents niveaux.
Au-delà de ce "premier voyage" pour le lecteur, deux accroches scénaristiques intéressantes sont
mises en place autour de chacun des deux adolescents de la Brigade. On découvre rapidement que
Sarah, la patiente de cet épisode, se trouve être amnésique depuis 3 ans, exactement comme
Esteban, en plus de beaucoup lui ressembler, ce qui augure une histoire de famille maculée de
secrets. Quant à Tristan, on apprend en fin de tome qu'il faudra un jour aller chercher sa mère dans le
cauchemar d'un homme très mauvais, qui semble volontairement se priver de sommeil pour la
retenir. Pas étonnant que son père ait fondé un tel institut et embauche ses fils pour visiter les
cauchemars des autres...
Car oui, il semblerait bien que grâce à cette technologie, on puisse pénétrer dans le rêve mais aussi
que des éléments puissent s'en échapper! Voilà qui ouvre beaucoup de portes pour la suite.
Du côté du dessin, le design de Yomgui Dumont et les couleurs de Drac portent habilement l'histoire,
malgré un style assez sobre, sans démonstration, mais avec un petit côté psychédélique plutôt
adapté. Les monde du rêve et ses habitants ont des attitudes et des aspects tout à fait convaincants
et qui rappelleront à certains de mauvaises nuits ou des sensations peut-être oubliées... La
communication entre le professeur Angus et les garçons au sein du cauchemar est intelligemment
retranscrite par de discrètes bandes de noir et blanc entre les cases du rêve, dont on identifie sans
problème les différentes phases.
Pour conclure, si le parti pris visuel ne décolle pas la rétine, c'est en tout cas par son contenu, à la fois
informatif, introspectif et scénaristiquement accrocheur, que La Brigade des Cauchemars trouvera son
public. Et histoire de nous mettre un peu l'eau à la bouche, un extrait du tome 2 est disponible à la fin
du premier... On se refait un cauchemar.
[Critique faite après lecture du premier tome.]