RESUME :
En l’an 6 de l’ère Kan’ei, un tournoi de samouraïs fut organisé par le seigneur Tadanaga Tokugawa au château de Sunpu. Parmi les illustres combattants japonais participant, Gennosuke Fujiki, un épéiste manchot et Seigen Irako, un sabreur aveugle. Si ces deux lames de légende étaient prêtes à s’entretuer à la demande sadique d’un seigneur fou, ce n’était pourtant pas la première fois qu’ils s’affrontaient. Voici leur histoire, de leur rencontre 7 ans plus tôt, à ce jour fatidique où tant de vaillants guerriers moururent pour le plaisir d’un seul.

CRITIQUE :
Tiré du roman éponyme de feu Norio Nanjo, le manga Shigurui nous plonge dans l’univers complexe et brutal du samouraï, où l’honneur et les apparences ont autant de poids que la force ou les prouesses martiales, sinon plus.
La légende de deux guerriers d’exception est ici retracée, leurs victoires et leurs échecs, souvent
chers payés en suivant la voie du sabre, comme en attestent leurs corps torturés. Les divers
affrontements, par le katana ou par le verbe, sont ici retracés dans un style très typique du manga,
cru et sans détours, très immersif.
Si le combat porte forcément une bonne part de l’œuvre, l’aspect psychologique n’est pas en reste,
et les dérives mentales qu’implique une voie aussi absolue et mortelle que le bushidô sont
également décrites en profondeur, comme un mémorial à une tradition quasiment disparue, mais
restée exceptionnelle.
traditionnel ce cette époque, sont superbement retranscrits dans le manga réalisé parTakayuki
Yamaguchi. Le dessin est ici de haute volée, riche en détails et en graphismes, avec un soin tout
particulier apporté aux regards, aux visages et aux corps des protagonistes. Je classerais le réalisme
et la violence des planches dans le même groupe, très côté selon moi, que Berserk du regretté M.Miura
ou Tough/Freefight de M. Saruwatari.
Une note particulière a été apportée au produit fini, puisque ce manga au format de grande taille
bénéficie également d’une couverture très réussie, où se partagent pureté et hémoglobine, reflétant
à merveille l’une des nombreuses dualités du bushido.
Un manga très fort donc, que ce soit dans les thèmes abordés ou dans la réalisation graphique. Une
immersion dans le Japon moyenâgeux, où la violence et la cruauté sont entremêlés avec la tradition
et l’honneur. A ne pas mettre entre des mains chastes, mais qui saura ravir un public averti et
connaisseur, amateur de sensations fortes ou versé dans la voie du samourai.
[Critique faite après lecture des deux premiers tomes.]