Depuis 10 ans, François, jeune photographe branché asiatique a coupé les liens avec sa communauté.
Mais alors qu'il s'apprête à devenir père, sa compagne le pousse à renouer avec sa famille et avec son père.
Accompagné de Bruno, son meilleur ami, François décide de retourner dans son XIIIème arrondissement natal.
CRITIQUE
Malgré une affiche pouvant prêter, sans doute volontairement, à confusion et la présence de Frédéric Chau et
Medhi Saddoun, Made in China n'est pas la suite ni le spin off de « Qu'est qu'on a fait au Bon Dieu » et « Qu'est
ce qu'on a encore fait au Bon Dieu ».
Même si Frédéric Chau, le personnage principal et co-scénariste à l'origine du projet reste dans la veine du film
communautaire, on est très loin de la gaudriole qui a fait le succès des films précités.
Made in China est avant tout un projet très personnel, loin des clichés de la comédie grand public.
À vrai dire, le film est plus une chronique de mœurs douce amère qu'une comédie à proprement parler.
Réalisé par Julien Abraham (La cité rose, Mon frère) Made in China nous plonge au cœur du quartier des Olympiades
dans le XIIIème arrondissement et cherche à donner une visibilité à la communauté asiatique française assez peu présente
dans le cinéma hexagonal.
Made in China se veut pédagogique et cherche à faire tomber les clichés sur la société asiatique et aborde les
difficultés de la double culture au travers de la crise identitaire du personnage principal.
Cette immersion dans le Chinatown parisien au travers des pérégrinations du duo Chau – Saddoun se heurte malheureusement
à quelques écueils et notamment un équilibre instable entre émotion et comédie ; déséquilibre qui se retrouve d'ailleurs
au niveau des deux acteurs principaux.
La pudeur et la sensibilité de Frédéric Chau s’effaçant vite devant le côté extraverti et l'humour lourdingue d'un
Medhi Saddoun qui finit par lui voler la vedette.
Le scénario a parfois tendance à se battre contre lui même en jouant un peu trop sur les clichés propres à la communauté
asiatique (karaokés, tontines, mariages traditionnels, nouvel an chinois …) qu'il cherche par ailleurs à combattre.
Les seconds rôles sont assez caricaturaux (à l'exception peut-être de Julie De Bona, la compagne de François) et participent
à l'inconsistance du film.
Au final, Made in China s'avère être un film plein de bonnes intentions, plus sensible et émouvant que drôle mais
trop peu abouti dans sa démarche. En oscillant en permanence entre humour et tendresse, en quête d'un équilibre qu'il ne trouve
jamais le film finit par décevoir.
Néanmoins Made in China mérite d'être vu, ne serait-ce que pour la bienveillance du regard qu'il porte sur une communauté
asiatique trop méconnue.