RESUME :
Voilà près d'un siècle qu'à chaque pleine lune, les Faucheurs apparaissent au hasard dans une ville ou un village de Soteria pour y perpétrer la Moisson, un massacre n'épargnant personne.
Afin de participer à la défense de son village, le jeune Foa poursuit son apprentissage de forgeron pour offrir des armes dignes de ce nom aux Egides, guerriers de génie et ultimes défenseurs du royaume. Ces derniers jouissent d'un armement d'exception et d'un implant neuronal leur permettant de générer des éclairs ainsi que de décupler leur force et leur vitesse, au point de prédire brièvement l'avenir lors des combats. Mais si ces pouvoirs viennent à bout des Faucilles, ils ne suffisent généralement pas, même poussés à leur paroxysme, contre les Faux, les plus puissants de ces assassins sanguinaires.
L'espoir réside dans Foa et ses amis, qui devront suivre chacun une voie différente pour comprendre et défaire une bonne fois pour toutes le danger apocalyptique que représentent les Faucheurs.
CRITIQUE :
Avec Egregor, le scénariste français Jay Skwar nous ouvre les portes d'un univers vaste et complexe, où l'histoire va de surprise en surprise, pour les protagonistes comme pour le lecteur.
Il y a 100 ans, sans que l'on sache pourquoi, les Faucheurs sont apparus et ont commencé à exterminer une ville ou un village au crépuscule de chaque pleine lune. Ils ont à chaque fois été suivis des Ramasseurs, non moins énigmatiques, qui font disparaître les cadavres avant le lever du soleil. Face à cette menace, l'homme a mis au point une caste guerrière redoutable, mélange de magie, de science et de pratique martiale : les Egides.
Sauf que cette fois, rien ne va plus : le village de Lightyard est attaqué en pleine nuit, non pas par un trio de Faucilles mais par plusieurs groupes de Faucheurs et qu'ils en ont en réalité après Foa, apprenti forgeron et fils de l'illustre Kalina, élite parmi les Egides et réelle cible de l'assaut.
Et pour couronner le tout, une des Faux s'avère être la baronne dirigeante et elle aide Foa et ses amis à trouver leur place dans le monde et à s'entrainer pour un jour mettre fin à la menace des Faucheurs! Sans parler des pouvoirs insoupçonnés du jeune forgeron ni de la transformation en loup-garou de son cousin... Vous l'aurez compris, il y a de la surprise en réserve et il va falloir s'accrocher pour tenir le rythme!
D'autant que ce premier tome nous balance un nombre impressionnant de personnages à la figure et qu'il est difficile de les distinguer les uns des autres. Sans parler des lieux et autres termes techniques allègrement utilisés sans autre explication, ainsi que de certaines péripéties qui tombent comme un cheveu sur la soupe...
Mais si l'on va au-delà de ces difficultés d'entame, on prend rapidement plaisir à s'immerger dans cette épopée de Dark Fantasy. L'ambiance sombre et gothique renferme un danger omniprésent que l'on ressent bien qu'étant à l'abri de l'autre côté du livre.. ça rappelle le bon vieux temps de Berserk (ah, non, c'est toujours pas fini!). L'action survient rapidement, gagne en intensité et en pression pour rapidement nous mettre à bout de souffle, à la limite du désespoir, tant les Faucheurs semblent surpuissants. Les revirements de situation rendent la narration explosive et les complots, comme l'histoire, commencent à se dévoiler en fin de tome pour nous préparer à une suite qui saura nous en faire voir de toutes les couleurs.
Et ce qui donne vie à tout cela est bien évidemment le dessin du coréen Kim Jae Hwan, graphiste expérimenté et baroudeur du style. Il utilise ici une approche numérique du dessin, combinée à un style manga-comics assez occidental, assez réaliste parfois et surtout très convaincant. Permettant la création d'effets spéciaux de qualité et une intensité marquée, il donne aux scènes d'action un impact peu commun, dont profite amplement le personnage d'Almace. On déplorera que le découpage soit parfois dur à comprendre lors des visions de l'Egide, mais l'on réservera une mention spéciale pour la couverture sublime, tant par le dessin que par la confection. Sans parler des premières pages en couleur qui montrent tout le talent du dessinateur, avec une double page sur le premier massacre des Faucheurs tout juste exceptionnelle!
Egregor m'a donc convaincu par son univers torturé, où le sang et la mort font partie du quotidien, où la tromperie et la magie s'allient pour brouiller les pistes, mais dont il est difficile de détourner les yeux, tant on a envie d'en savoir plus. On en reparle après le tome suivant...
