RESUME :
Une jeune pâtissière passionnée, Poeny, se retrouve propulsée dans une compétition culinaire filmée et retransmise en direct dans toute la galaxie. Poeny affronte des créatures extra-terrestres et extra-perfides. Et elle rencontre aussi des ami.e.s. La situation deviendra véritablement critique lorsque l'héroïne de Space Battle Lunchtime sera envoyée de force dans un impitoyable show tv cannibale.

Le tome 1 du comic bookSpace battle lunchtimecommence avec une mise en place appuyée, qui manque de subtilité. Mais peu à peu, l'histoire trouve son rythme et dévoile ses trésors. Nathalie Riess, dessinatrice et scénariste, propose une critique soft mais convaincante des shows tv-gastronomico-compétitifs. Les possibilités de mise en abîme liée à cette histoire, qui se déroule au cœur d'une émission de télé-réalité, sont bien exploitées. Le trio relationnel composé du personnage principal ( Poeny ), de l'une de ses concurrentes ( Neptunia ), et du cameraman ( Aris ) organise ses surprises narratives. Nathalie Riess joue avec nos attentes sentimentales traditionnelles de manière habile. Pour un peu, on pourrait parler de S pace Gay Lubitsch !
Le dessin n'est pas tout à fait abouti, mais la variété graphique de cette galaxie de personnages extra-terrestre est riche et insolite. Les illustrations de plats cosmiques sont bougrement appétissantes. Et surtout, dans le deuxième tome, Nathalie Riess fait surgir de son crayon quelques stupéfiantes visions : prison en dentelle organique, vaisseau-dévoreur kaléidoscopique ou chevelu, coupe de glace géante vanille-chair, embouteillage intergalactique, etc. Par contre, l'autrice talentueuse de Space battle lunchtime n'est pas très à l'aise dans les scènes d'action : une certaine maladresse se dégage de plusieurs séquences, notre attention de lecteur se met alors à flotter ( l'effet de l'apesanteur ? ). Volontairement ou involontairement, Nathalie Riess invente un rythme mou et singulier, loin des habituels découpages bruyants, spectaculaires ou violents.
Une palpitante fuite à moto dans une enceinte de gladiateurs constitue le climax de Space battle lunchtime. Une apothéose qui doit beaucoup au personnage d' Ariella Magicorn, poupée sadique qui découpe sans états d'âme ses compagnons. Le doute n'est plus, c'est bien à Osamu Tezuka que Nathalie Riess fait écho. Mais la jeune autrice hésite, et si un esprit cruel et imprévisible propre au mankaga super génial est bien diffuse dans plusieurs séquences, les intentions créatives s'effondrent dans la dernière partie. Et on assiste, déçu, à un dénouement attendu. Dommage. Mais Natahlie Riess a quand même réussi une entrée pleine de panache et de promesses dans la galaxie BD !