RESUME :
Le premier voyage dans le temps est réalisé par deux génies : Corbin Quinn et Danny Reilly. Malheureusement l'expérimentation dérape
et nos deux aventuriers temporels vont se retrouver coincés dans le temps à devoir affronter des dangers de diverses époques aussi
dangereuses les unes que les autres...
CRITIQUE :
Voyages temporels... Ces deux mots font tout de suite rêver et penser la trilogie culte Retour vers le futur ! Et pourtant, dès
la fin du XIXème siècle des auteurs tels que Enrique Gaspar et son obscur « El Anacronópete » (1887) ou encore l'incomparable
« La machine à explorer le temps » de H.G. Wells (1895) rédigent des ouvrages traitant du sujet.
La Pop Culture est imprégnée très profondément par ce thème. Il suffit de voir les succès rencontrés au cinéma par des films traitants
du sujet comme la saga sus-mentionnée mettant en avant les aventures de Doc et Marty ou encore celle des Terminator ! Certes le style
narratif a beaucoup évolué avec le temps. Le ton adopté par H.G. Wells qui n'était pas sans rappeler celui d'un journaliste, a muté afin
de céder la place à un style plus satirique et souvent pseudo-scientifique comme dans les récits de Isaac Asimov ou de Ray Bradbury, ou
encore en utilisant des dystopies. Dans tous les récits modernes, une règle immuable a vu le jour grâce à Ray Bradbury justement avec
son fameux « Un coup de tonnerre » de 1952, qui aborde le sujet de l'inéluctable Effet Papillon, c'est-à-dire que chaque action
entreprise dans le passé par des voyageurs temporels, entraîne des conséquences dans le présent !
Ici Mark Millar aborde avec brio ce concept ! Il se l'approprie avec talent et comme à l'accoutumé il y mêle une bonne dose de Pop
attitude qui le caractérise tout en respectant scrupuleusement la théorie de l'Effet Papillon. L’œuvre qui en résulte nous fait plonger
dans un voyage vers l'inconnu au rythme intense (trop peut-être) avec de belles surprises (personnages historiques, situations drôles,
etc.).
Mais l'action n'est pas au centre de l'histoire ! En effet, le côté psychologique est très présent, tant au niveau des personnages qui
sont bien travaillés – du moins pour le Docteur Corbin Quinn – et de ce fait l'on découvre des personnages très humains !
La question est simple : Si vous pouviez voyager dans le temps et que ni rien, ni personne ne vous attend dans le présent, que feriez-vous ?
Les médias se retrouvent aussi avec un rôle relativement important, bien que moins cynique que ce à quoi nous a habitué Mark Millar.
Vous l'aurez compris, niveau scénario, c'est très correct ! Et niveau dessins ? Et bien l'équipe artistique – composée de Sean Gordon Murphy
aux dessins et de Matt Hollingsworth aux couleurs, nous gâte, même si le style me plaît moyennement. C'est souvent le souci lorsque l'artiste
possède un style particulier, parfois les couleurs, ou plus précisément l’aplat des couleurs, me semble étrange. C'est le cas ici. Certes les
pages sont belles et spectaculaires, mais je n'aime pas le style graphique. On s'y fait à la longue, arrivé au bout du premier chapitre je
m'y étais fait. Les époques traversées sont relativement bien respectées graphiquement (de ce que l'on peut savoir de ces dernières), et
c'est déjà pas mal.
Concrètement j'ai trouvé sympathique ce premier tome de « Chrononauts », mais sans plus ! En effet, comme c'est souvent le cas
avec Mark Millar je trouve que la résolution arrive trop rapidement et facilement. C'était déjà le cas dans son comics « Reborn » par
exemple dont le l'idée de base était tout bonnement géniale. Limite, ce premier tome n'aurait pas dû conclure cette boucle, mais finir en
cliffhanger et pourtant c'est une chose que je déteste, mais ici ça aurait été plus judicieux.
Mark Millar est co-créateur de Chrononauts avec Sean Gordon Murphy. Mark Millar est connu pour avoir développé un univers connu sous
l’appellation de « Millar-World ». Il est aussi connu pour être le créateur de séries telles que « Kick-Ass », « Wanted »
ou encore « Kingsman : Service Secrets » qui ont été adaptés au cinéma et qui ont rencontré un franc succès.
Mark Millar a également signé l'indispensable « Superman : Red Son » chez DC Comics, histoire dans laquelle Kal-El atterrit en Russie et est
élevé par Staline. Il est aussi à l'origine de « Ultimates », du surprenant « Old Man Logan » ou encore de l'inoubliable « Civil War »
chez Marvel ! En 2017, Mark Millar a cédé le Millar-World à la plate-forme de vidéos Netflix, qui a l'intention d'adapter plusieurs œuvres et notamment
« The Magic Order ».
Sean Gordon Murphy est l'autre co-créateur de Chrononauts. Il est notamment connu pour son travail sur « Crush » chez Dark Horse,
mais c'est en 2005 qu'il rencontre le vrai succès avec « Batman/Scarecrow : Year One » chez DC Comics. Après son travail sur « Off Road »
pour Oni Press en 2005 et « Outer Orbit » de nouveau pour Dark Horse en 2006-2007, Sean Gordon Murphy officie pour DC/Vertigo sur la série « Hellblazer »
pour deux numéros, mais aussi sur d'autres titres du label notamment la série très appréciée « Joe the Barbarian », « Hellbalzer : City of Demons »,
« American Vampires : Survival of the Fittest », « The Wake » et surtout « Punk Rock Jesus », qu'il scénarise et illustre. Récemment
Sean Gordon Murphy a participé à des projets indépendants notamment chez Image Comics comme « Tokyo Ghost », mais c'est chez DC Comics qu'il
rencontre le plus de succès grâce aux Spin-off « Batman : White Knight ».