RESUME :
Voilà près de 20 ans que la 4e grande guerre s'est soldée par la défaite de Kaguya Otsutsuki et de son pantin Madara Uchiwa face à la coalition des 5 grands villages ninja. La paix s'est établie et la technologie s'est développée partout dans le monde.
Naruto Uzumaki, aujourd'hui devenu 7e Hokage, ne compte ni les heures ni les clones pour prendre soin du village de Konoha. Mais il va avoir du fil à retordre : son fils Boruto a hérité du caractère turbulent de sa jeunesse et entraîne avec lui toute une génération de ninjas en herbe, enfants des plus grands noms du village des feuilles.
D'autant plus que dans l'ombre, d'obscurs groupes continuent de comploter, dont les Otsutsuki, qui n'ont pas dit leur dernier mot...

CRITIQUE :
Si 73 tomes des aventures du ninja blondinet aux moustaches de renard ne vous ont pas suffi, qu'à cela ne tienne : le monde des
ninjas n'est pas mort et vit encore avec Boruto! Enfin, ça reste à voir...
Tout d'abord, Boruto ne s'inscrit pas en tant qu'œuvre à part entière, mais bien comme suite de Naruto. Il vous faudra
donc commencer par lire toute la série originale pour ne pas être largué dans tout ce qui a attrait au ninjutsu, au panthéon
Rikudo-bijuus, aux villages-cachés et aux personnages... Bref, à tout quoi!
Allez, bon courage si vous ignoriez cela et on se revoit dans 73 tomes!
Bon, ce nouveau cycle démarre par un flash forward révélant un Boruto adolescent affrontant, dans les ruines dévastées d'un Konoha
du futur, un certain Nawaki, qui prône l'extinction des shinobis.
Et le style badass du blondinet, possédant un unique byakugan façon Kakashi (grand fan!) a de quoi motiver pour rempiler sur quelques
années de ninjutsu! Jusque là, ok.
Puis on démarre réellement sur une mission de la jeune équipe de Boruto, composée de la crême de cette génération : Sarada Uchiha,
fille de Sasuke et Sakura, et Mitsuki, un clone créé par la science d'Orochimaru! Pour chaperonner le tout, un Konoha-Maru-sensei
qui a du prendre beaucoup de galon depuis son dernier Rasengan! Ca semble prometteur!
L'outil scientifique ninja que teste ce dernier, fonctionnant sans chakra, amène l'un des sujets principaux de cette suite : l'opposition
et la synergie entre la technologie et le ninjutsu. Mais même si la technologie était déjà présente dans Naruto, parfois à des formes
très poussées comme chez l'un des avatars de Pain, cette évolution brutale tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et l'on a du mal
à la trouver réaliste sur tout juste 20 ans.
Rapidement, un second sujet-clé est posé par les activités black-ops de Sasuke Uchiha, devenu bras droit du Hokage Naruto : la surveillance
des agissements du clan extra-terrestre Otsutsuki. Deux membres sont justement en train de moissonner la terre pour y récupérer le chakra
des bijuus... Même si cela promet de bonnes bastons en perspectives, ça sent un peu le réchauffé avec un sujet déjà bien exploité par la
série originale et le film Naruto the Last...
Le troisième sujet mis en avant ici est le lien filial. En effet, presque toute la génération des ninjas de Naruto s'est reproduite, souvent
en associant deux des héros de la première saga, pour donner naissance à de nouveaux héros forts des spécialités de leurs parents. Plusieurs
d'entre eux ont des rapports ambigus avec leurs ainés, dont Boruto avec son père Naruto. Le Hokage, portant littéralement le village de ses
mains, laisse à Boruto l'impression de délaisser son fils... Un comble alors que Naruto lui-même n'a jamais pu vivre son enfance avec ses
propres parents, morts à sa naissance!
Mais de là à le dépeindre, lui le héros de la guerre, l'ultime acharné, altruiste jusqu'au bout des moustaches, parti de rien pour devenir
Hokage, comme un goujat égoïste ? Ah non! Surtout que Boruto, lui-même, est un enfant fainéant, gâté, capricieux et immature, naturellement
doué en ninjutsu, entouré d'amis depuis toujours et évoluant dans le confort d'une maison familiale... Pas d'accord! Un peu de respect quand
même! Je veux bien croire que les deux héros sont différents, mais il ne faut pas abuser. Même si Boruto et amené à évoluer, on est en train
de découdre 15 ans d'une étoffe brodée main dans le sang et la sueur en ce qui concerne Naruto! Cette version de lui est hautement improbable
voire carrément illogique! Mode rageux OFF...
Et c'est donc sur fond de terrain connu (à base d'examen chuunin...) que l'on revisite Naruto en y ajoutant quelques éléments nouveaux assez
intéressantes, mais sans vraiment les exploiter. Si quelques techniques viennent étoffer le vaste répertoire connu, les personnages possédant
le plus fort potentiel ont pourtant bien du mal à passer la seconde pour montrer de quoi ils sont capables. Le fait de repartir sur des héros
très jeune biaise les échelles de puissances et les personnages les plus "badass" se trouvent amoindris pour garder un niveau cohérent avec
leurs enfants. Quand aux combats, ils manquent quand même de dureté et de sang, un peu comme une reprise par Disney... Et finalement, les
outils technologiques semblent faire office de pirouette pour combler le manque de nouveautés en ninjutsu, pourtant tant attendu.
Graphiquement, le dessin est toujours aussi dynamique, son découpage et son rythme respectant tout ce qui a si bien fonctionné avec le manga
paternel. L'évolution temporelle est plutôt intéressante en terme de dessin, mettant en place une occidentalisation du monde grâce à l'ouverture
des frontières et la révolution technologique. Un mélange steam-ninja qui faisait déjà la particularité de Naruto, mais qui prend d'autres
visages ici, avec des fast-foods à l'américaine remplaçant le resto de ramens, ou encore les jeux vidéo en forme de rouleau déplié.
Cependant, un gros défaut graphique vient, à mon sens très personnel, gâcher tout cela. Il s'agit du choix d'un design des visages des personnages
trop éloigné du style originel de maître Kishimoto. On sent que Mikio Ikemoto a fait le choix de se détacher du character-design du manga Naruto
en y imprimant son style propre, plus réaliste, exécutant ainsi un conseil direct du dessinateur original. Mais rien n'y fait, je trouve le
résultat peu esthétique et dommageable pour l'aspect graphique de l'œuvre (franchement, afro-Konoha-Maru, ça pique...). Je déplore également la
pauvreté des arrière plans, peu exploités ici et trop souvent "blancs façon Bleach".
On notera la présence d'un chapitre bonus réalisé par Kishimoto en fin de tome, relatant la genèse de Mitsuki et son incroyable potentiel. Là,
tout de suite, on sent la force du papa de Naruto à l'œuvre. On prend une véritable piqure de rappel sur le potentiel du monde et de l'histoire,
avec un dessin qui claque, de l'émotion, de la puissance (ermite Mitsuki, oh ouiiii !!!)... autant de choses difficiles à trouver dans le reste du tome et c'est bien dommage.
En conclusion, Boruto nous propose une suite un peu fade à Naruto, avec quelques nouveaux sujets, ennemis et complots, mais sans rallumer l'étincelle originelle. Certains fans trouveront certainement un intérêt à poursuivre l'aventure, rien que par curiosité envers les protagonistes, anciens comme nouveaux et le devenir du monde des ninjas (j'en suis). Pour les autres, commencez donc par Naruto ou relisez-le, vous risquez d'être déçus par Boruto. Espérons que le choix graphique du character-design n'aura pas fait fuir trop de monde et qu'il saura évoluer dans une meilleure direction, tout comme le contenu du manga en général, qui n'est hélas pas à la hauteur du monument Naruto.